La Porsche Boxster a réussi, dès son arrivée sur le marché en 1997, à s’inscrire sur une courte liste de classiques instantanés. Il suffisait d’en prendre le volant pour être séduits. Et Porsche n’a fait qu’améliorer la recette avec le temps, si bien que le même genre de séduction opère aujourd’hui.
Cependant, avec des normes environnementales continuellement plus sévères, la compagnie prenait une décision controversée en 2016, soit celle d’abandonner le moteur à 6-cylindres qui servait le modèle pour le remplacer par un 4-cylindres turbo de 2,0 litres.
Le public a fait savoir son mécontentement.
En fait, le geste a eu un impact important sur les ventes et sur la perception de la clientèle. Au départ, l’effet curiosité n’a pas trop impacté les ventes, mais après un certain temps, on a vu un recul de ces dernières. Tellement que la compagnie a discrètement et tranquillement ramené au catalogue des versions de performances qui retrouvaient les moteurs six cylindres à aspiration naturelle de la génération précédente.
Ce qui est ironique, c’est que le changement vers le moteur 4-cylindres visait à améliorer le rendement énergétique, tout en augmentant les performances.
Le 4-cylindres turbo de 2,0 litres du modèle de base développe aujourd’hui 295 chevaux et 280 livres-pieds de couple, tandis que le 4-cylindres turbo de 2,5 litres de la Boxster S propose 345 chevaux et 309 livres-pieds de couple, des performances supérieures à celles que proposait l’ancien 6-cylindres de 2,7 litres. En 2015, ce dernier offrait 265 chevaux.
Cependant, pour les puristes de la marque, de même que pour les anciens propriétaires de modèles, ça ne passait pas. Ce qui manquait, c’était le son caractéristique du 6-cylindres de Porsche, quelque chose d’unique à travers l’industrie. On nous offrait plus de puissance, mais la sonorité n’était pas la même.
Mon expérience
Je pratique le métier de chroniqueur automobile depuis 2007. Au fil des années, j’ai parfois eu accès aux véhicules de presse de Porsche, mais pendant une longue période, je n’étais pas sur la liste, comme on le dit dans le milieu.
Ce n’est pas une complainte, juste un fait important à souligner pour considérer ce qui suit.
Avant 2016, j’avais eu l’occasion de conduire quelques Boxster, la plus récente étant une version GTS 2015 appartenant à mon cousin. Il avait acheté son modèle en sachant très bien ce qui se préparait ; il ne voulait rien savoir d’une Boxster à moteur 4-cylindres.
Lorsque la 718 Boxster équipée d’une plus petite cylindrée est arrivée sur le marché en 2016, je n’avais plus accès aux véhicules. Si bien que je n’ai pu réaliser un essai plus prolongé pour me faire une idée. Depuis environ une année, j’ai eu l’occasion de prendre le volant de quelques modèles de la marque, y compris, pour la première fois, une Boxster à moteur 4-cylindres.
Enfin, j’allais pouvoir comprendre ce qui s’était passé dans la tête des amateurs en 2016. Est-ce que leur réaction était justifiée ?
L’expérience
Rapidement, j’ai tout compris, puisque j’avais en tête des références, soit mes expériences au volant de versions à moteur 6-cylindres.
Le problème, ce n’est pas la performance. La voiture détale comme un lapin. Elle colle à la route comme une championne, aussi. La boîte manuelle qui équipait la version essayée était tout aussi agréable à manipuler, précise à souhait et offrant une rétroaction savoureuse.
La position de conduite est parfaite et la sensation de ne faire qu’un avec la route est toujours présente au volant d’une Boxster.
Sauf qu’à l’accélération, même si la sonorité n’était pas désagréable (on est loin des larmoiements de la boîte CVT d’un Dodge Caliber quand même), il me manquait quelque chose pour être entièrement comblé.
La Boxster à moteur 4-cylindres est parfaite pour un premier acheteur qui découvre l’univers Porsche. Pour celui ou celle qui n’a jamais installé son popotin dans un modèle, la séduction va opérer. Toutefois, pour tous ceux qui ont connu autre chose, un vide va rapidement s’installer.
Je comparerais cela à une croisière. Si vous effectuez votre première en optant pour une cabine intérieure, vous allez aimer. Si en revanche vous profitez d’une cabine balcon avec vue sur la mer pour votre première expérience, il sera difficile par la suite de retourner vers une cabine intérieure.
Ainsi, Porsche se retrouve avec un beau défi entre les mains, à l’aube du passage de son modèle à une configuration tout électrique. La compagnie va nous offrir un bolide plus performant, qui sera agréable à conduire, etc..
Mais il va manquer quelque chose.
Est-ce à dire que l’avenir du modèle est compromis ou à risque ? Je n’irais pas jusque-là, mais une transition houleuse est possible. Cependant, le temps fait son œuvre et avec une nouvelle génération d’acheteurs, une Boxster électrique, ou hybride rechargeable, ou tout ce que vous voulez, gagnera en popularité, simplement parce que ceux qui ont connu le 6-cylindres ne seront plus acheteurs… ou simplement plus de ce monde.
Pour faire une analogie avec les élections américaines qui approchent à grands pas, 20 millions d’électeurs ayant voté en 2020 ne sont plus de ce monde, alors que 50 nouveaux millions de citoyens sont enregistrés pour exercer ce droit en 2024. C’est pour cela que les gouvernements et les tendances finissent par changer, par évoluer.
La même chose se produit avec le bassin d’acheteurs de véhicules, ce qui fait que le paysage automobile change. Il ne se vend plus d’Oldsmobile, vous l’aurez remarqué.
Ainsi va la vie.
Cela dit, si j’en avais les moyens, c’est une Boxster à moteur 6-cylindres qui occuperait un espace dans mon entrée de garage. À bon entendeur…
Le texte Porsche 718 Boxster à moteur 4-cylindres : pour premiers acheteurs seulement ? provient de L’annuel de l’automobile – Actualité automobile