Un Nissan Patrol peut parfois en cacher un autre. Voilà ce que suggère un communiqué et la photo ci-haut diffusés par Nissan North America hier. En le lisant, on peut croire que la prochaine version du Nissan Armada pourrait plutôt s’appeler Patrol.
A priori, ce communiqué décrit un Patrol 1967; un modèle vendu aux États-Unis 9 ans après l’arrivée des premiers produits de la marque en Californie.
Le Patrol est un utilitaire qui existe au sein de la gamme de ce constructeur nippon depuis 1951. Le modèle dont il est question dans le communiqué est un modèle de la seconde génération. Appelée Série 60, elle a été lancée en 1960.
Jusque-là, on croirait lire un document de nature historique. Mais les évocations de liens unissant le Patrol actuel, vendu ailleurs dans le monde, et l’Armada, sa variante nord-américaine, on perçoit un message en sous-texte.
Le sous-titre du communiqué nous met la puce à l’oreille en rappelant que « l’influence du Patrol se retrouve dans toute la gamme de VUS de Nissan, y compris le porte-étendard Armada ». Comme si pour titiller encore davantage le lecteur, la conclusion de ce communiqué nous place dans l’expectative en nous apprenant que « le prochain chapitre de cette histoire passionnante commence le 3 septembre 2024 ».
Le nouvel Armada — ou Patrol ? — s’en vient
Des sources bien informées nous apprennent qu’une nouvelle génération d’Armada sera justement dévoilée le 3 septembre prochain. Il fallait s’y attendre. En mars dernier, la marque Infiniti a dévoilé le QX80 2025, le jumeau endimanché de l’Armada.
L’Armada est vendu au Canada et aux États-Unis depuis l’automne 2003, et le modèle 2024 est la version la plus récente de sa seconde génération, qui a été dévoilée au Salon de Chicago, en février 2016. Après neuf ans, il est plus que temps qu’il y ait du nouveau.
Or, puisque Toyota vient de relancer la commercialisation de son Land Cruiser à la grandeur de l’Amérique du Nord, il paraît plausible que Nissan décide de revamper son rival tout en le renommant, pour ajouter à la nouveauté. Alors, pourquoi ne pas réintroduire le nom Patrol en Amérique du Nord ?
Ailleurs dans le monde, Patrol est l’appellation auréolée d’un modèle vedette de Nissan. Ce nom est associé à plusieurs hauts faits comme, par exemple, une traversée du désert de Simpson en Australie, un exploit réalisé en 1962 et réédité en 2012. À cela s’ajoutent trois records du monde Guinness, de même qu’une popularité si grande au Moyen-Orient qu’elle a poussé les stratèges de Nissan à dévoiler le Patrol 2020 (la version actuelle de l’Armada) à Abu Dhabi, dans les Émirats arabes unis. C’était en septembre 2019.
Tout cela contribue à nourrir la notoriété du Patrol, un attribut qui manque cruellement à l’Armada qui, par ailleurs, voit ses ventes stagner au Canada comme aux États-Unis depuis 2020. Un nouveau nom ayant plus de panache ne ferait pas de tort à cet utilitaire.
Le rendez-vous auquel nous convie le constructeur le 3 septembre nous en apprendra donc davantage sur ce prochain chapitre de l’histoire du… Patrol !
Un 4×4 des années 60 parmi d’autres
Entre-temps, rappelons que le Patrol a été parmi les premiers produits vendus par Nissan sur notre continent. Cet utilitaire a été proposé aux automobilistes étatsuniens de 1961 à 1969. Au Canada, selon toutes vraisemblances, il a été en vente à partir de 1963.
Pour les concessionnaires, le Patrol était le seul véhicule arborant l’écusson Nissan dans leur salle d’exposition où l’on ne trouvait que des autos et de petites camionnettes de marque Datsun, un nom qui disparaîtra du marché nord-américain en 1986 justement au profit de Nissan.
Le Patrol était le rival au Land Cruiser que Toyota avait introduit sur notre continent en 1958. Il devait aussi s’imposer dans une faune de 4×4 très diversifiée réunissant alors le Willys Jeep, l’International Scout, le Land Rover et l’Austin Gipsy.
Un cow-boy pour le Patrol
Pour distinguer ce nouveau venu et susciter l’intérêt de la clientèle étatsunienne, la filiale étatsunienne eut recours à une vedette du cinéma. Yutaka Katayama (Mr. K), premier grand patron de Nissan Motor, la filiale étatsunienne créée en 1959, avait recruté un homme à tout faire nommé John Parker pour diverses tâches promotionnelles. Lorsque ce dernier apprit que Roy Rogers, le plus célèbre des cow-boys de la télévision, conduisait un Patrol, il lui fit une offre : devenir porte-parole de ce 4×4 en échange d’un Patrol neuf et deux camionnettes Datsun (il n’avait, semble-t-il, pas du budget pour le rémunérer en argent).
Rogers accepta l’offre. Parker prit alors des photos destinées aux publicités dans les journaux au ranch familial de Roy Rogers, à Chatsworth en Californie. Il y tourna même une publicité (de qualité amateur, disent certains) pour la télévision. Ces efforts auront sans doute contribué à faire connaître ce 4×4, puisqu’à la fin des années 60 Nissan Motor avait réussi à en vendre environ 2 600.
Au Canada, le Patrol n’a pas eu droit à un porte-parole hollywoodien. La publicité plus factuelle valorisait plutôt les qualités de l’utilitaire pour les amateurs de chasse et pêche, et les travailleurs de chantier.
Débuts humbles au Canada
« Le Nissan Patrol a démontré ses qualités incomparables dans le monde entier par sa grande ténacité et son pouvoir d’accélération sur les routes de gravier, les terrains boueux et les pentes raides », pouvait-on lire dans une publicité publiée en septembre 1966 par le concessionnaire Desbien & Boudreau de la rue Saint-Denis, dans le Montréal-Matin.
Par ailleurs, deux ans plus tôt, Nissan-Datsun Automobile, un autre concessionnaire montréalais logé sur la rue Jean-Talon annonçait cet utilitaire dans le même quotidien à partir de 3 095 $ pour la version décapotable et 3 495 $ pour la version à toit rigide. Vendu avec des pneus d’hiver, l’immatriculation et une assurance-vie et maladie (!), c’est un 6-cylindres de 4,0 L et 145 ch qui l’animait. On est loin du V8 de 5,6 L et 400 ch de l’Armada 2024 !
Photos : Nissan
Le texte Le prochain Nissan Armada (re)deviendra-t-il un Patrol ? provient de L’annuel de l’automobile – Actualité automobile