Les CPA, qu’ossa donne?

Par Louis-Martin Jannard

Notre texte sur la pénurie de main-d’œuvre dans l’industrie automobile a généré beaucoup de réactions. Plusieurs tiennent responsables les Comités paritaires de l’industrie automobile (CPA) pour les salaires peu élevés. Certains pensent que les CPA sont inutiles, qu’ils devraient être abolis. Cela m’a fait penser à Yvon Deschamps et à son célèbre monologue, « Les unions qu’ossa donne? »

Les Comités paritaires, qu’est-ce que c’est?

Au Québec, six régions sont régies par un CPA. Rappelons que le CPA Montréal a été fondé en 1936. Le CPA est un organisme à but non lucratif formé d’associations d’employeurs et de salariés, qui administrent le Décret sur l’industrie des services automobile. À l’origine, il fut mis en place pour offrir une qualité minimale des conditions de travail dans l’industrie. Au sein des CPA, les employeurs sont représentés par différents organismes et tous les salariés sont représentés par des centrales syndicales. Le terme « paritaire » est utilisé, car le nombre de représentants employeurs-salariés est égal. Les décisions sont donc prises conjointement. Vous voyez ici les problèmes pour l’une ou l’autre des parties lorsque vient le temps de modifier le décret.

La situation actuelle

L’échelle salariale du décret, considérée désuète, est la principale critique soulevée depuis plusieurs années par les salariés. Comme le décret est une extension des conventions collectives, plusieurs croient que l’échelle salariale est une ligne directrice. L’échelle salariale ne garantit qu’un salaire minimum; tout employeur peut verser au-delà de celui-ci. Certains, par contre, l’utilisent pour établir leur échelle salariale, c’est un gros problème.

D’autres aspects ne sont pas réglementés par les CPA dont la santé-sécurité au travail et le développement des DEP (Diplôme d’étude professionnelle). Ce vide a été comblé par la CNESST, Auto prévention, le Comité sectoriel de main-d’œuvre des services automobiles (CSMO-Auto) et autres organisations. Certaines contribuent à protéger les salariés, d’autres à organiser de la formation et valoriser les DEP. Pour les salariés et employeurs, il y a impression de dédoublement de services.

Quelle est la valeur ajoutée des CPA en 2021 auprès des salariés et employeurs assujettis?

Cette question est sur les lèvres de nombreux salariés et employeurs et ce, depuis plusieurs années. Présentement, il y a plus d’apprentis que de compagnons sur le territoire du CPA Montréal. Ceux-ci ne voient pas l’intérêt d’être qualifiés. La raison? « Qu’ossa donne? » À leurs yeux, à tort ou à raison, il n’y a aucune valeur ajoutée en ce moment d’obtenir une carte de compétence. De plus, les ratios prévus au décret ne sont pas très respectés. Pour les employeurs, les relevés mensuels et autres ne sont qu’un fardeau de plus dans leur administration.

Des pistes de solution

Afin de contrer la pénurie dans l’industrie automobile, la qualification de la main-d’œuvre devrait être au centre des préoccupations des CPA et l’extension territoriale un combat de premier plan. Pour y arriver, les CPA doivent avoir l’appui des salariés et employeurs, ce qui n’est pas le cas présentement. Pour obtenir cet appui, ils doivent revoir l’offre globale offerte à l’ensemble des assujettis.

« Une job steady pis un bon boss, quecé tu veux de plus ? » Il faut admettre qu’en 2021, ce n’est pas assez pour contrer la pénurie dans notre industrie.

L’industrie automobile au Québec est un secteur clé de l’économie, regroupant 162 305 travailleurs dans plusieurs sous-secteurs essentiels, chacun avec des dynamiques uniques. Grâce aux données fournies par Innoviste (anciennement CSMO-Auto), nous avons pu identifier des tendances d’emploi par sous-secteur et analyser les hausses et baisses observées.

En période de pénurie de main-d’œuvre, envisagez-vous le recrutement international pour votre entreprise ? Malgré les nouvelles restrictions imposées par Ottawa et Québec sur l’embauche de travailleurs étrangers temporaires à bas salaire (moins de 27,47 $/heure ou 57 000 $ par an), nous avons de bonnes nouvelles pour vous !

Note : Le terme “mécanicien / technicien” inclut également les mécaniciennes / techniciennes.

Vous désirez réussir le recrutement d’un mécanicien / technicien ? Suivez ces 3 étapes :

1. Comprendre le mécanicien / technicien automobile

Avant de rédiger votre offre d’emploi, prenez le temps de bien cerner la personnalité des mécaniciens et techniciens automobiles. Ces professionnels réfléchissent longuement avant de prendre une décision, surtout lorsqu’il s’agit de changer d’emploi. Changer d’atelier représente, pour eux, un changement de « famille », car les relations de travail dans un atelier sont très soudées : on partage les outils, les repas, et même des activités en dehors du travail.