La « Beast » est de retour sur le marché des collectionneurs

On la surnomme Beast — la Bête, en anglais. Un coup d’œil suffit à comprendre pourquoi. Cette voiture aux dimensions démesurées fait un retour sur le marché des collectionneurs. Elle figure parmi les vedettes de la vente aux enchères que présentera Historic Auctioneers au complexe Mercedes-Benz World du circuit Brooklands en Angleterre, le 29 novembre prochain.

La Beast a fait son apparition sur la scène automobile britannique au début des années 70, époque où l’économie de la fière Albion était au plus bas et que les salariés peinaient à joindre les deux bouts à cause d’une inflation galopante. Dans ce contexte, avec ses dimensions exagérées et sa motorisation qui relève de l’improbable, cette voiture ressemblait à une moquerie sur quatre roues…

Son histoire remonte à 1966, année où l’ingénieur Paul Jameson, qui prépare une voiture de sa conception, construit un châssis capable d’accueillir un moteur de char d’assaut Rolls-Royce Meteor. Ce projet attire alors l’attention d’un spécialiste des boîtes de vitesses : John Dodd. Une collaboration inattendue voit alors le jour et, lorsqu’un incendie détruit la voiture originale, Dodd se montre déterminé à la reconstruire en l’améliorant.

Achevée en 1972, la nouvelle voiture est propulsée par le redoutable V12 Rolls-Royce Merlin, un moteur de 27 L. C’est le moteur qui, durant la Seconde Guerre mondiale, a permis aux Supermarine Spitfire et Avro Lancaster de remporter la victoire.

By Jove ! It’s a shooting brake

Dodd conçoit une boîte de vitesses automatique renforcée capable de maîtriser le couple démentiel du Merlin. Quant à la carrosserie, elle prend la forme d’un coupé sport à hayon; le genre de voiture que les Britanniques surnomment shooting brake et les Français break de chasse.

Construite par Fiber Glass Repairs de Bromley, sa carrosserie a deux portes aux proportions imposantes : elles mesurent environ 5,80 mètres de long ! Elle découvre un habitacle garni de cuir fin et de noyer, à l’image d’une voiture raffinée. À l’extérieur, sa proue arbore la calandre traditionnelle d’une Rolls-Royce coiffée de la mascotte Spirit of Ecstasy, une initiative qui n’a pas plu au constructeur de voitures de prestige.

En outre, elle a une suspension indépendante, des freins à disque aux quatre roues et une puissance étonnamment bien dosée. Bref, des attributs qui la rendent parfaitement utilisable au quotidien, bien que sa répartition de masse très inhabituelle exige un certain savoir-faire de la part du conducteur.

Voiture de promenade la plus puissante au monde

Ses performances restent cependant sujettes à débat, aucun test officiel n’ayant été réalisé dans des conditions contrôlées. Cependant, divers rapports de l’époque évoquent une puissance gravitant entre 750 et 850 ch. De plus, des témoignages font état d’une vitesse dépassant les 290 km/h; une vitesse que Dodd aurait d’ailleurs atteint sur une Autobahn allemande. Par ailleurs, le club automobile britannique RAC aurait enregistré une vitesse de pointe de 294,5 km/h à une autre occasion.

Or, à cette époque, les voitures de sport italiennes les plus exotiques peinaient à dépasser les 270 km/h. Ces performances placent donc la Beast parmi les bolides routiers d’alors. En 1977, le Livre des records Guinness lui a d’ailleurs attribué le titre de « Voiture de promenade la plus puissante au monde » !

Plus tard, lorsque Dodd s’installe en Espagne, sa création l’accompagne. La sonorité tonitruante de son échappement devient alors une signature sonore familière sur les routes de Malaga et des environs, sur la Costa del Sol.

De jaune à gris métallisé

Sous la garde de son propriétaire actuel, qui en a fait l’acquisition en 2023 (un an après le décès de Dodd), cette voiture a bénéficié d’améliorations esthétiques notables. Le véhicule a été recouvert d’un élégant film bicolore gris métallisé. Le vendeur a opté pour cette solution plutôt que pour une peinture neuve, afin de permettre à un futur propriétaire de retrouver sa couleur jaune d’origine, s’il le désire, ce film étant facilement amovible. En outre, l’intérieur a bénéficié d’une restauration complète et soignée.

Plus d’un demi-siècle après sa création, la Beast demeure unique, témoignant avec brio de l’ingéniosité, de l’excentricité et de l’enthousiasme débordant de son créateur. Elle a maintes fois fait l’objet de reportages dans la presse et à la télévision, ce qui lui a donné une renommée internationale comme l’une des automobiles uniques les plus remarquables jamais construites.

Au terme de cette vente, l’encanteur espère en tirer de 75 000 £ à 100 000 £ (entre 140 000 $ et 185 000 $). Une estimation qui paraît plausible, si l’on se fie aux 72 500 £ (environ 120 000 $) obtenus par l’avant-dernier propriétaire au moment de la vendre, en mars 2023.

Photos : Historic Auctioneers et Car Classic

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