Mercedes-Benz Vision V : un pari lumineux

Oubliez l’Escalade, le Yukon Denali et tous les autres gros VUS cossus du genre. Ces mastodontes de luxe pourraient bientôt être supplantés par une fourgonnette arborant l’étoile à trois branches de Mercedes-Benz… ou plutôt deux. Ces nouveautés en devenir appelées VLS et VLE offriront le faste et la spaciosité que réclament les consommateurs bien nantis, affirme le constructeur. Pour préparer ces derniers à leur arrivée, le constructeur de Stuttgart a réalisé un prototype spectaculaire les préfigurant. Il s’appelle Vision V.

Si les fourgonnettes s’apprêtent à effectuer un retour en force, ce ne sera donc pas sous la forme de véhicules utilitaires bon marché conçus pour faciliter les déplacements de votre troupe de louveteaux. Comme le suggère ce prototype, on pense plutôt à de petits palaces sur quatre roues. C’est ce qui fait dire à Alex Messinger : « la Vision V offre un aperçu d’un nouveau créneau unique : celui des limousines de luxe. C’est l’aube d’une nouvelle ère ! ».

Alex est le directeur de produits chez Mercedes-Benz Vans North-America, la division nord-américaine du constructeur allemand qui est responsable de la commercialisation des fourgons Sprinter, eSprinter et Metris sur notre continent. Alors qu’il était de passage à Montréal le mois dernier pour présenter la Vision V à des clients privilégiés, AutoFocus.ca l’a rencontré pour découvrir ces fourgonnettes qu’il qualifie aussi de « grandes limousines ». Ça dit tout.

Quand une fourgonnette se fait limousine

On le sait, en Amérique du Nord, les grands véhicules ont la cote auprès des automobilistes. «Aux yeux de l’acheteur, plus c’est gros, mieux c’est », rappelle Alex en évoquant le succès obtenu par des modèles comme le Cadillac Escalade et le GMC Yukon Denali. Toutefois, le créneau desservi par ces deux modèles populaires et les autres du genre, Mercedes n’a pas réussi à le percer jusqu’ici, admet-il.

C’est là qu’entrent en jeu les fourgonnettes VLS et VLE. Avec ces deux nouveautés, Mercedes entend corriger cette situation, dit-il. Avec leur intérieur très spacieux, elles pourront servir, selon la version, de navettes exclusives pour VIP ou de voitures familiales flexibles et luxueuses. Leur dévoilement aura lieu durant le premier semestre de 2026 et elles entreront en production avant la fin de l’année.

En attendant, la Vision V préfigure ce duo de « grandes limousines » et le nec plus ultra qu’elles offriront. Créé pour faire saliver les foules, ce prototype se distingue d’abord par sa silhouette fluide mise en valeur d’une façon particulièrement… lumineuse.

DEL à profusion

Ses roues de 24 pouces chaussées de pneus à taille ultra-basse sont munies de lamelles éclairées, alors que sa proue et sa poupe sont abondamment illuminées par des diodes électroluminescentes. L’avant utilise pas moins de 440 DEL : 250 d’entre elles définissent la forme familière de la calandre chromée, alors que les 190 autres sont logées dans une ouverture sous le capot et s’étendent sur toute la largeur du véhicule en encadrant les phares, qui adoptent la forme iconique de l’étoile de Mercedes. C’est sans oublier cette autre étoile posée sur le capot. Également lumineuse, c’est la première du genre chez Mercedes. Mais ce n’est pas tout, puisqu’à l’arrière, 450 autres lamelles tridimensionnelles lumineuses encadrent la lunette du hayon et servent à la fois de feux de position et de feux de freinage.

« Lorsqu’on aperçoit ce véhicule la nuit, sur la route, il est immanquable », s’exclame Alex. Alors, lorsqu’on lui demande si des particularités pareilles pourraient aboutir sur une version de série, sans hésiter, le jeune directeur répond avec un sourire en coin : « Everything is maybe ! » (tout est un peut-être).

Intérieur somptueux

Ce prototype consacre l’essentiel de son habitacle aux deux passagers. C’est comme un petit salon offrant un « luxe spacieux », dit Alex, en pointant la soie blanche chatoyante qui recouvre le ciel de pavillon, le cuir Nappa blanc cristal servant aux sièges à structure tubulaire d’allure futuriste et aux panneaux intérieurs de l’habitacle, sans oublier les garnitures de loupe de noyer et d’aluminium brossé ou poli.

Pour les divertir, le constructeur a prévu des sièges « 0 gravité », qu’on peut incliner à plat, un écran numérique souple de 65 po à résolution 4K logé dans le plancher. Il est jumelé à un système à sept projecteurs qui élargissent le champ de vision en faisant du vitrage latéral des « écrans » supplémentaires. À cela s’ajoute une chaîne audio à 42 haut-parleurs avec fonction Dolby Atmos produisant un son tridimensionnel immersif.

Les deux passagers peuvent ainsi se détendre et profiter du trajet de multiples façons : en visionnant un film, en se délectant du concerto pour violon de Brahms, en chantant à tue-tête avec un système de karaoké ou plus simplement en s’amusant avec des jeux vidéo.

Par ailleurs, l’avant de l’habitacle qu’on destine à un chauffeur a une apparence plus humble, avec ses deux sièges à fonctions simplifiées et une planche de bord dépouillée surmontée d’un écran numérique à triples sections étalé sur toute la largeur du véhicule. Une cloison vitrée sépare distinctement l’espace du chauffeur et celui des passagers. Et pour cause, cette cloison dispose d’un vitrage électrochrome qu’on peut rendre parfaitement opaque en quelques millisecondes pour plus de discrétion.

Pas que du tape-à-l’œil

Bien qu’on ne sache rien de sa motorisation, ce prototype est loin d’être un vulgaire objet de tape-à-l’œil. En effet, il présente certaines innovations dont pourraient éventuellement bénéficier des modèles de série, et ce plus vite qu’on le pense. D’ailleurs, une photo annonçant le duo VLS/VLE diffusée par le constructeur montre une proue éclairée, comme celle du prototype. Mais il y a aussi à cet écran numérique intégré aux portes coulissantes de la Vision V. Dans le cas où ce véhicule servirait de limousine d’aéroport, par exemple, ces écrans pourraient afficher le nom du passager à qui le véhicule est destiné ou tout autre message pertinent.

Alex Messinger nous a également appris que ces deux écrans servent à tester l’usage d’un système de verrouillage utilisant les empreintes digitales, mais aussi la reconnaissance faciale. De plus, outre la cloison séparatrice dans l’habitacle, tout le vitrage entourant l’aire occupée par les deux passagers dispose d’une capacité électrochrome permettant de réduire son niveau d’opacité jusqu’à le rendre complètement opaque.

Après la Vision V, les VLS et VLE

La Vision V est donc un hors-d’œuvre. Elle annonce des modèles de série en devenir afin de séduire la clientèle cible. Pour y arriver, le constructeur évite le terme « fourgonnette ». Limousine, c’est mieux, mais on se permet aussi d’employer l’acronyme « MPV » (pour Multi-Purpose Vehicle), ce qui se traduit par véhicule tout usage dans la langue de Molière.

En attendant de découvrir les deux nouveautés qui serviront de plat principal, voici ce qu’on sait à leur sujet. La VLS sera la plus cossue des deux. Elle permettra à Mercedes-Benz d’offrir un véhicule ultra haut de gamme très spacieux et que pourra conduire un chauffeur. Pour sa part, la VLE pourra être dotée de deux ou trois rangées de sièges, et ainsi accueillir jusqu’à huit personnes. Avec son habitacle modulable, elle ciblera plutôt une clientèle familiale ayant une vie active, de même que des entreprises offrant des services de navettes et de limousines.

« En alliant le meilleur de deux mondes, la VLS et la VLE associeront le comportement routier d’une limousine à la polyvalence d’un grand monospace », explique le constructeur dans un communiqué récent.

Ce seront d’ailleurs les premiers véhicules de Mercedes qui utiliseront sa nouvelle architecture modulaire « Van.XA – EA/CA » (EA pour Electric Architecture et CA pour Combustion Architecture). Cette architecture « adaptable et évolutive », dit le constructeur, permettra aux deux nouveautés de partager environ 70 % de leurs composants et d’être produites sur la même chaîne d’assemblage.

Le constructeur offrira donc des fourgonnettes à motorisation électrique et d’autres à motorisation thermique, mais pas d’hybride, affirme Alex. Ce dernier nous a également appris qu’il y aura des versions à deux et à quatre roues motrices, sans toutefois préciser si les 2RM seront des tractions ou des propulsions. « Il est trop tôt pour le confirmer », nous a-t-il dit.

En revanche, le constructeur fait miroiter une autonomie dépassant les 500 kilomètres pour ses versions électriques; une cible atteinte par des prototypes de présérie testés entre Stuttgart et Rome, en juillet dernier.

Montréal, un arrêt dans une tournée mondiale

La Vision V a été dévoilée dans le cadre d’Auto Shanghai, en avril. Le choix du lieu n’avait rien de fortuit. C’est dans ce pays qu’on retrouve les automobilistes les plus friands de fourgonnettes. En 2024, les Chinois en ont acheté 1,05 million, d’après l’Association des constructeurs d’automobiles de Chine. Même si cela ne représente que 3,3 % des quelque 31,4 M de véhicules de promenade vendus dans ce pays, ce million de fourgonnettes suffit à faire saliver les constructeurs, surtout lorsqu’on sait qu’une part importante de ces véhicules sert de limousines; des véhicules qui sont donc richement équipés et donc très profitables pour un constructeur.

Après le faste de la présentation de Shanghai et ses 1,3 million de visiteurs, la Vision V a entamé une tournée mondiale avec, pour première étape, Dubaï aux Émirats arabes unis, à la fin de mai. Là aussi, on prise également les voitures de fonction.

Puis, en septembre, elle s’est retrouvée en Californie, où les photographes de Mercedes s’en sont donné à cœur joie en l’immortalisant devant des lieux emblématiques évocateurs de la clientèle visée : Rodeo Drive, la rue des boutiques de luxe de Beverly Hills, le parc Elysean et l’incontournable colline d’Hollywood, sans oublier le Walt Disney Concert Hall et le Musée automobile Petersen, des complexes à l’architecture hors du commun.

La visite étatsunienne s’est ensuite poursuivie avec une exposition au Mercedes-Benz Star Lounge au Concours d’élégance de Pebble Beach, dans le cadre de la Semaine de l’automobile de Monterey organisée en août. Enfin, avant d’aller à New York, la Vision V a traversé le 49e parallèle pour deux brefs arrêts à Toronto et à Montréal, pour être présentée à quelques membres privilégiés des médias automobiles et à des clients de la marque. Après la « grosse pomme », elle a fait un arrêt au Japon, pour étonner les visiteurs du Salon de l’auto de Tokyo, rebaptisé Japan Mobility Show en 2023. Elle ira ensuite en Corée du Sud avant de retourner sur le territoire européen, où les stratèges de la marque s’apprêtent à braquer les projecteurs sur le duo VLS/VLE.

Photos : Luc Gagné

Le texte Mercedes-Benz Vision V : un pari lumineux provient de L’annuel de l’automobile – Actualité automobile

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