Le déclin de Fiat inquiète l’Italie
La ville italienne de Turin, berceau de la plus ancienne usine automobile d’Europe, incarne le déclin industriel auquel une partie du continent fait face. Ses constructeurs automobiles peinent à s’adapter aux coûts de l’électrification, à la faible demande et à la concurrence chinoise.
Turin : là où tout a commencé pour Fiat
Située au pied des Alpes, dans le nord-ouest de l’Italie, Turin est la ville où Fiat, aujourd’hui intégrée au groupe Stellantis, a été cofondée par la famille Agnelli il y a 125 ans. Aujourd’hui, la ville lutte pour maintenir son industrie autrefois florissante, illustrée par l’état de l’emblématique usine de Mirafiori. Cette usine produit la Fiat 500 électrique et deux voitures sport Maserati, mais la demande étant faible, la production a été suspendue pendant une grande partie de l’année, laissant 2 800 travailleurs en chômage technique avec des salaires réduits. Giacomo Zulianello, employé de l’usine et responsable syndical de FIOM Cgil, confie : « Mirafiori est déjà fermée. Elle ne rouvre que de temps en temps ».
La perte de l’identité italienne
Pour survivre, Fiat a dilué son identité italienne, prenant le contrôle de Chrysler en 2014, puis fusionnant avec le Groupe PSA pour créer Stellantis en 2021. Pendant ce temps, Turin a perdu quatre de ses usines automobiles au cours des quarante dernières années, dont Lingotto en 1982 — célèbre pour sa piste d’essai sur le toit, immortalisée dans le film « The Italian Job » — et Grugliasco, fermée l’an dernier. Autrefois symbole de la puissance de Fiat, employant jusqu’à 60 000 personnes et produisant un million de voitures par an dans les années 1960, Mirafiori n’est plus que l’ombre d’elle-même.
Une ville en pleine transformation
Avec environ 2,2 millions d’habitants dans la région, Turin tente de se réinventer en se tournant vers le tourisme, avec son centre élégant, ses musées renommés, sa gastronomie et sa proximité avec les Alpes. Elle s’affirme également comme un pôle de savoir, abritant plus d’une douzaine d’universités et d’académies, sans oublier une industrie aérospatiale dynamique et la Juventus, le club de football le plus titré d’Italie. Cependant, avec entre 50 000 et 60 000 emplois encore liés à l’industrie automobile, l’ambiance reste morose alors que les travailleurs de Stellantis se préparent pour une grève nationale et une marche à Rome, le 18 octobre, afin de demander au gouvernement et à l’entreprise de protéger les emplois.
Dernier bastion de l’automobile à Turin
Stellantis prévoit une chute de sa production italienne en dessous de 500 000 véhicules cette année, un niveau jamais vu depuis 1958, selon le syndicat FIM Cisl. Mirafiori est désormais la dernière usine automobile encore debout à Turin, avec une main-d’œuvre en grande partie inactive et vieillissante. L’âge moyen des employés est de 57-58 ans, et les jeunes générations ne sont plus attirées par ce secteur.
La fin d’une ère?
Selon Francesco Zirpoli, professeur de gestion à l’université Ca’ Foscari de Venise, la baisse de la production automobile italienne est due au manque d’investissements de Stellantis dans de nouveaux modèles, notamment pour ses usines italiennes. Il souligne que Fiat n’est plus le centre névralgique du développement technique de Stellantis, avec des modèles produits à l’étranger et des moteurs principalement dérivés des technologies françaises.
Quel avenir pour Mirafiori?
L’usine de Mirafiori, surnommée « la ville dans la ville », s’étend sur plus de 2 millions de mètres carrés. Mais aujourd’hui, les employés comme Zulianello parcourent 15 minutes à pied à travers des espaces abandonnés pour atteindre la ligne d’assemblage.
Malgré tout, Stellantis assure que Mirafiori a un avenir. L’usine fabrique des boîtes de vitesses pour véhicules électriques et hybrides, héberge un centre de recyclage de pièces automobiles et un laboratoire de technologies des batteries. Elle commencera à produire une nouvelle version hybride de la Fiat 500 fin 2025. De plus, Turin pourrait bénéficier si un autre constructeur automobile, comme le chinois Dongfeng ou Chery, s’installait en Italie, mettant fin au monopole de Stellantis comme seul grand fabricant automobile national.
Conclusion
Alors que Turin tente de se réinventer au milieu de la transition de l’industrie automobile, l’avenir semble incertain pour ses travailleurs. La ville fait face à un défi existentiel, cherchant à préserver ses racines tout en s’adaptant à un monde en mutation rapide.
Avec des renseignements d’Automotive News
Le texte Le déclin de Fiat inquiète l’Italie provient de L’annuel de l’automobile – Actualité automobile
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