ZAZ 966 : la première voiture du peuple soviétique
En avril dernier, alors que je passais quelques jours en Californie en marge d’un événement Toyota, j’en ai profité pour aller à la rencontre de quelques contacts afin de vous relater quelques histoires savoureuses impliquant des modèles parfois rares, parfois uniques, mais aux histoires toujours captivantes. L’une des rencontres prévues était avec Steven Nádaskai, le jeune propriétaire de deux Trabant. Je vais bien sûr vous raconter son histoire bientôt, mais avant, je me devais de vous partager celle de son frère, Philip, et de sa voiture, un modèle que je ne m’attendais pas du tout à trouver sur ma route lors de ma visite. En effet, ce n’est pas tous les jours qu’on découvre, un peu par hasard, une ZAZ 966. Oui, une ZAZ.
Le présent article est présenté en collaboration avec Fitzback Garage, spécialisé dans la restauration d’origine de voitures anciennes. Fitzback Garage est situé à Sainte-Madeleine, en Montérégie.
En direct d’Ukraine
ZAZ est un constructeur ukrainien, qui bien sûr opérait au sein de l’empire soviétique à l’époque du rideau de fer. Les lettres ZAZ renvoient à l’appellation Zaporijskyï avtomobileboudivelnyï zavod. Ceux familiers avec les ZAZ les connaissent aussi sous le nom de Zaporozhets. La compagnie qui va devenir ZAZ trouve ses origines en 1863, alors qu’elle se spécialisait dans la fabrication d’équipement agricole. Il faudra attendre 1956 avant de voir l’entreprise (ce qu’elle était devenue au fil du temps) se tourner vers l’automobile. On imagine alors une sous-compacte destinée à venir remplacer la Moskvitch qui était produite depuis 1947. On va s’inspirer de la Fiat 600 pour donner vie à un modèle aux lignes très similaires. La production de la ZAZ 965 sera lancée à la fin de 1960. À ce moment, la compagnie Lada, le constructeur russe le plus connu à travers la planète aujourd’hui, n’existe pas encore. Ce qu’on souhaite avec cette ZAZ 965, c’est de proposer une voiture accessible au peuple soviétique, au même titre que l’Allemagne le fait pour sa population avec la Volkswagen Beetle. Dès le début des années 60, on va penser à une voiture plus spacieuse, qui va cette fois s’inspirer de la NSU Prinz. La ZAZ va faire ses débuts en 1965, pour l’année 1966. Ce qui est malheureux pour elle, c’est que la Lada est fondée au même moment et qu’elle va commencer à proposer des modèles en 1970, des véhicules qui vont connaître un immense succès, notamment dû au fait qu’ils offraient une commodité appréciée des acheteurs, soit un coffre arrière.
La ZAZ 966 voyait un petit moteur V4 loger à cet endroit. Oui, un V4, une chose rare à travers l’histoire de l’automobile. Ce moteur de 0,9 litre, qui était refroidi à l’air (d’où la présence de prise d’air sur les flancs derrière les portières), proposait une puissance de 30 chevaux. Sa puissance sera par la suite portée à 41 forces (1,2 litre). En 1970, la ZAZ 968 vient remplacer la 966, avec un style modernisé. La calandre de cette dernière ressemble beaucoup à celle des premières Chevrolet Corvair. Entre 1966 et 1994, ZAZ va produire 3,4 millions d’exemplaires (et des versions évolutives) de cette voiture du peuple à moteur arrière. En 1987, la firme va commercialiser un modèle à moteur avant, ce qui va annoncer les débuts de la fin pour son modèle à moteur arrière, qui sera produit pendant encore sept ans.
Notre ZAZ 966
Maintenant, la grande question ; qu’est-ce que peut bien faire un jeune dans la vingtaine avec une voiture russe, alors qu’il habite dans le sud de la Californie ? C’est ce qui me fascine le plus à propos de l’automobile ancienne. Lorsqu’on pense qu’on a tout vu, on découvre de nouvelles histoires incroyables. En fait, il faut comprendre que les frères Nádaskai sont d’origine hongroise. Il était important pour Steven de mettre la main sur une voiture que ses grands-parents ont connue, alors qu’ils étaient toujours en Europe à l’époque de la Guerre froide. D’où son intérêt pour les Trabant. Son frère a décidé de suivre sa trace, en mettant la main sur une voiture aussi inhabituelle qu’extraordinaire, et connue de ses ancêtres. Et où trouve-t-on un tel modèle ? Incroyable, la découverte s’est faite aux États-Unis, plus précisément dans l’état de Washington, où il existe un musée consacré aux voitures soviétiques. L’œuvre d’un passionné qui importe des pièces uniques. C’est ainsi que la ZAZ 966 de Philip Nádaskai est d’origine et que son compteur n’affiche que 15 000 km d’usure. C’est irréel, en fait.
Les mauvaises langues diront qu’en raison de sa fiabilité, elle n’a pas pu rouler souvent, mais il est évident que d’autres raisons font qu’elle a traversé le temps en conservant son cachet d’antan. Nous aurions bien été faire une petite balade, mais au moment de mon passage, la voiture n’avait tout simplement pas de freins. Son propriétaire l’a déplacé afin que je puisse réaliser quelques clichés sur le terrain de son domicile ; ce n’est que partie remise. Chose certaine, quelle belle initiative de ces deux jeunes hommes avec cette connexion au passé de leurs grands-parents, à travers l’achat d’automobiles ayant représenté quelque chose pour eux. Un hommage tout à fait original.
Le texte ZAZ 966 : la première voiture du peuple soviétique provient de L’annuel de l’automobile – Actualité automobile
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