Les États-Unis, l’Europe et le Canada envisagent l’harmonisation des normes automobiles
Une clause du nouveau cadre commercial entre les États-Unis et l’Union européenne pourrait bouleverser le marché automobile mondial. Selon l’article 8 de l’accord présenté le 21 août, les deux parties souhaitent reconnaître mutuellement leurs normes de sécurité et d’émissions pour les véhicules.
Bien que la disposition reste non contraignante, l’objectif est clair : faciliter l’accès des véhicules d’un marché à l’autre sans exiger de modifications majeures.
Si ce projet se concrétise, il pourrait réduire les coûts d’homologation pour les constructeurs et accélérer la mise en marché des modèles.
Moins de contraintes pour les constructeurs
Pour l’instant, un véhicule conçu aux États-Unis doit souvent subir des modifications coûteuses pour être vendu en Europe, et vice-versa. Mitch Zajac, avocat spécialisé en commerce international, explique que cette proposition pourrait éliminer l’obligation d’adapter certains équipements, comme les capots déformables ou les airbags externes, exigés en Europe.
Selon Sam Abuelsamid, analyste chez Telemetry, des modèles comme le Ford F-150 pourraient ainsi être vendus tels quels en Europe, tout comme la Volkswagen Golf pourrait être commercialisée sans modification aux États-Unis.
Les constructeurs pourraient économiser des centaines de millions de dollars chaque année en évitant de développer des versions spécifiques pour chaque région.
Des inquiétudes du côté européen
Cette perspective soulève toutefois de vives préoccupations en Europe. Les associations de sécurité routière craignent que des véhicules américains dépourvus de technologies comme le freinage d’urgence automatique ou les systèmes de protection des piétons ne compromettent la sécurité.
Du côté environnemental, les critiques pointent également le risque d’une importation massive de véhicules à fortes émissions. James Nix, de l’organisme Transport & Environment, dénonce le fait de vouloir aligner les normes d’émissions entre des camions américains lourds et des voitures compactes européennes, jugeant cette équivalence « trompeuse et dangereuse ».
Des normes toujours très différentes
Les divergences entre les deux marchés demeurent importantes. De façon générale, les États-Unis privilégient la protection des occupants et les polluants atmosphériques comme les oxydes d’azote. En Europe, l’accent est mis sur la protection des piétons et la réduction des émissions de CO₂.
Aujourd’hui, un véhicule destiné à l’un de ces marchés doit généralement subir des modifications substantielles avant d’être homologué dans l’autre.
Le Canada prêt à suivre le mouvement
Cette annonce relance également les débats au Canada. La Canadian Automobile Dealers Association (CADA) presse Ottawa de reconnaître les certifications de sécurité émises par des marchés comme l’Europe, la Corée et le Japon. Tim Reuss, PDG de la CADA, juge inutile d’imposer une double certification pour des véhicules déjà approuvés dans des juridictions hautement réglementées.
Toutefois, Transports Canada maintient pour l’instant ses propres exigences, même si elles sont généralement alignées sur celles des États-Unis.
Des impacts limités à court terme
Si une telle entente voyait le jour, l’impact pourrait être asymétrique. Les consommateurs nord-américains pourraient bénéficier d’un plus grand choix de véhicules compacts et efficaces comme la Fiat Grande Panda ou la Volkswagen Golf. En revanche, la demande pour de grosses camionnettes américaines en Europe resterait probablement marginale.
À plus long terme, l’harmonisation pourrait surtout favoriser l’arrivée de véhicules électriques américains sur le marché européen sans coûts réglementaires additionnels.
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Le texte Les États-Unis, l’Europe et le Canada envisagent l’harmonisation des normes automobiles provient de L’annuel de l’automobile – Actualité automobile
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