Les constructeurs automobiles se ruent sur les terres rares avant les nouvelles restrictions chinoises

Les constructeurs automobiles du monde entier sont en alerte rouge. À l’approche de la date butoir du 8 novembre, la Chine s’apprête à imposer de nouvelles restrictions sur l’exportation de terres rares, des métaux essentiels à la production de voitures, notamment électriques. Une décision qui pourrait paralyser une partie de l’industrie mondiale si les chaînes d’approvisionnement venaient à se rompre.

Des métaux discrets mais essentiels

Les aimants à terres rares se retrouvent partout dans une voiture : rétroviseurs, haut-parleurs, pompes à huile, capteurs de freinage et même essuie-glaces. Mais leur rôle est crucial dans les véhicules électriques, où ils permettent de maximiser la puissance et l’efficacité des moteurs. Selon le cabinet AlixPartners, la Chine contrôle environ 70 % de l’extraction mondiale, 85 % du raffinage et 90 % de la production d’alliages et d’aimants à base de terres rares. Une dépendance que les constructeurs cherchent désespérément à réduire.

Une tension palpable dans l’industrie

« La situation est très tendue », admet Nadine Rajner, PDG du fournisseur allemand NMD. « Nos clients veulent des sources d’approvisionnement autres que la Chine, mais il n’existe presque pas d’alternatives viables. » Même si des gisements existent en Suède ou en Australie, ces pays ne disposent pas de la capacité de raffinage nécessaire. Pour les terres rares lourdes, la Chine détient 99,8 % de la capacité mondiale.

Le recyclage : une piste encore marginale

Le recyclage de terres rares issues de véhicules usagés demeure embryonnaire. En France, l’entreprise Neutral, soutenue par Renault, récupère ces métaux à partir de 400 000 voitures par an, en collaboration avec 15 marques européennes.
Mais selon son PDG Jean-Philippe Bahuaud, « le vrai défi est de passer à grande échelle ».

Un goulot d’étranglement imminent

Même si certains fournisseurs chinois parviennent à expédier des commandes avant le 8 novembre, le transport maritime vers l’Europe ou l’Amérique prend jusqu’à 45 jours. Les constructeurs craignent donc une rupture d’approvisionnement dès la fin de l’automne. Les tensions s’ajoutent à d’autres obstacles  comme les restrictions chinoises sur les batteries lithium-ion, le litige de propriété intellectuelle entre la Chine et les Pays-Bas impliquant Nexperia, fournisseur de puces essentielles à l’automobile et les tarifs américains qui alourdissent déjà les coûts de production. « La Chine a la capacité de faire arrêter la production mondiale d’automobile en 2 mois », prévient Ryan Grimm, vice-président de Toyota Motor North America.

Les constructeurs s’adaptent en urgence

Certaines entreprises comme Bosch ou Hyundai ont constitué des stocks massifs avant la date limite, mais plusieurs sources confirment qu’ils sont déjà épuisés. D’autres, comme General Motors, ZF et BorgWarner, travaillent sur des moteurs électriques à faible ou sans contenu en terres rares, tout comme BMW et Renault, qui ont déjà lancé des moteurs “rare-earth free”. La firme britannique Monumo, spécialisée en intelligence artificielle et simulation, affirme avoir aidé ses clients à réduire de 24 % l’utilisation de terres rares dans leurs moteurs.

Une course technologique… mais la Chine garde l’avantage

Même si les initiatives pour diversifier les sources se multiplient, les experts estiment que la domination chinoise reste incontestable. Pékin peut maintenir des prix artificiellement bas pour décourager la concurrence.

Une dépendance difficile à rompre

Malgré les efforts des gouvernements et des constructeurs, la transition vers des chaînes d’approvisionnement indépendantes de la Chine prendra des années. Entre-temps, la perspective d’un goulot d’étranglement mondial fait grimper la tension dans les conseils d’administration des grands groupes automobiles. Le monde roule vers l’électrique… mais la clé de contact reste, pour l’instant, entre les mains de Pékin.

Avec des renseignements d’automotive News

Le texte Les constructeurs automobiles se ruent sur les terres rares avant les nouvelles restrictions chinoises provient de L’annuel de l’automobile – Actualité automobile

 

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