Honda et les hybrides, un quart de siècle d’histoire
Lorsqu’il est question de véhicules hybrides, presque invariablement on pense à Toyota. Et pourtant, le premier constructeur nippon en importance n’a pas été seul à tenter l’aventure de l’électrification à la fin du 20e siècle. Honda aussi était de la partie et, même si ses efforts sont longtemps restés vains, en Amérique du Nord du moins, ce constructeur célèbre cette année un quart de siècle de commercialisation de véhicules à motorisation hybride.
D’ailleurs, dans un communiqué publié aujourd’hui, Honda Canada affirme fièrement qu’actuellement au pays des Civic, des Accord et des CR-V munis d’une motorisation hybride non branchable dans le ton du marché répondent à plus de 30 % de la demande de ses acheteurs. Chez nos voisins étatsuniens, cette proportion dépasse tout juste 25 %.
Car il faut préciser que depuis le retrait de la berline Clarity PHEV de notre marché, en 2021, Honda n’a offert aucun nouveau modèle à motorisation hybride branchable, contrairement à ce qui se passe en Europe. Là-bas, en marge des cinq modèles hybrides non branchables, depuis 2023 Honda offre le CR-V e:PHEV, un hybride branchable aussi attrayant qu’un RAV4 Prime. C’est sans oublier l’utilitaire compact électrique e:Ny1, qui a été lancé aussi en 2023, de même que la citadine électrique Honda e, qui est en vente depuis 2020. Disons que, de ce côté de l’Atlantique, le catalogue des modèles Honda électrifiés est un peu plus étoffé…
Dans le communiqué de Honda Canada, Emile Korkor, le vice-président adjoint, rappelle néanmoins que les véhicules hybrides font partie de l’histoire de la marque au Canada depuis déjà 25 ans. « Cette histoire a commencé avec l’Insight. Et notre parcours vers l’électrification se poursuit avec nos modèles hybrides principaux : la Civic, le CR-V et l’Accord, dit-il. De plus en plus populaires, nos modèles hybrides sont un composant essentiel de notre stratégie d’électrification à long terme qui vise l’objectif global de la carboneutralité de tous nos produits et activités d’entreprise d’ici 2050 », ajoute M. Korkor.
L’Insight, une pionnière dans le mauvais créneau
Le trio hybride actuel de Honda suit donc le chemin tracé par une petite biplace à l’allure inusitée baptisée Insight. Grande attraction du 32e Salon international de l’auto de Montréal, qui était présenté à la Place Bonaventure du 16 au 23 janvier 2000, elle avait été conçue avant tout pour optimiser sa consommation de carburant.
L’élégant petit coupé à hayon avait une carrosserie en aluminium légère contribuant à limiter sa masse à tout juste 842 kg. De plus, les formes fluides de sa carrosserie avaient été dessinées pour minimiser la résistance au vent et donner un coefficient de traînée très bas, qui était même inférieur à celui de la première Prius (0,25 contre 0,29).
Elle était animée par un moteur à essence à 3 cylindres de 1,0 litre très léger jumelé à un petit moteur électrique alimenté par une batterie au nickel métal-hydrure (NiMH) pesant à peine 20 kg et logée sous le plancher de coffre. Ce duo entraînait les roues avant par le biais d’une boîte de vitesses manuelle à cinq rapports et brillait par sa cote de consommation combinée (ville/route) de 4,5 L/100 km, d’après Ressources naturelles Canada.
Malheureusement, en choisissant de faire de l’Insight une citadine biplace de petite taille, Honda réduisait son potentiel de popularité, comparativement à la Toyota Prius originale qui avec sa carrosserie de berline familiale à cinq places s’avérait plus spacieuse et polyvalente.
Les ventes des deux modèles ont rapidement illustré cette réalité. D’après l’hebdomadaire de Détroit Automotive News, aux États-Unis, en 2000, 3 788 Insight ont trouvé preneurs comparativement à 5 562 Prius. Mais, si l’année suivante a été meilleure pour Honda, qui a réalisé 4 726 ventes, elle l’a été nettement plus pour la Toyota avec rien de moins que 15 556 ventes !
Par la suite, l’écart de popularité entre ces deux modèles n’a cessé de se creuser. En 2006, dernière année de commercialisation de la petite Insight sur notre continent, tout juste 722 Étatsuniens s’en sont procuré une, pendant que Toyota vendait 106 971 Prius.
Un quart de siècle d’efforts mitigés
Dans un communiqué publié aujourd’hui par American Honda Motor Co., la filiale étatsunienne, on apprend qu’en incluant l’Insight originale, une quinzaine de modèles Honda électrifiés (tous des hybrides non branchables à l’exception de la Clarity PHEV) ont été vendus en Amérique du Nord :
- Insight (2000 à 2006)
- Civic hybride (2003 à 2005)
- Accord hybride (2005 à 2007)
- Civic hybride (2006 à 2010)
- Insight (2010 à 2014)
- CR-Z (2011 à 2016)
- Civic hybride (2012 à 2015)
- Accord hybride (2014 à 2017)
- Accord hybride (2018 à 2022)
- Clarity PHEV hybride branchable (2017 à 2021)
- Insight (2019 à 2022)
- CR-V hybride (2020-2022)
- CR-V hybride (2023-)
- Accord hybride (2023-)
- Civic hybride (2025-)
Il est nécessaire de préciser, toutefois, que certains de ces modèles n’ont jamais franchi le 49e parallèle, notamment les CR-V hybrides millésimés 2020 à 2022. De plus, les deux modèles plus récents qui ont repris le nom Insight n’ont jamais réussi à s’imposer et à juste titre, puisqu’elles étaient tarées par des designs sans intérêt et des performances quelconques. Quant à la Clarity PHEV, sa robe aux formes maladroites recelait une motorisation mixte attrayante offrant une autonomie électrique alléchante. Malheureusement, tout au long de sa commercialisation, le constructeur s’est obstiné à livrer ce modèle au compte-gouttes, décourageant du même coup les consommateurs intéressés.
En fait, parmi cet assortiment de véhicules électrifiés, outre les trois modèles hybrides actuels qu’offre Honda et l’Insight originale, seule la petite CR-Z mérite qu’on lui accorde une place au panthéon des créations marquantes de Honda. Vendue de 2011 à 2016, cette jolie réincarnation de la première voiture électrifiée de Honda avait tellement de oumph !
Photos : Honda
Le texte Honda et les hybrides, un quart de siècle d’histoire provient de L’annuel de l’automobile – Actualité automobile
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