Vente « The Junkyard »: RM Sotheby’s ouvre la caverne d’Ali Baba
Une vente aux enchères proposant une variété d’automobiles emblématiques aura lieu le 26 octobre prochain à Los Angeles. Les collectionneurs pourront nourrir leur passion avec la Mercedes-Benz 500 K ayant appartenu à Rudolf Caracciola, une paire de SL, deux Miura, des Ferrari et Maserati, une floppée de Porsche 356 et divers autres modèles extrêmement rares, des Maybach, une Iso Grifo et trois Horch notamment. Ces perles rares ont toutefois une caractéristique pour le moins spéciale. La plupart d’entre elles sont des épaves dans un état de décrépitude plus ou moins avancé. Voilà pourquoi cette vente organisée par l’encanteur canadien RM Sotheby’s s’intitule : « The Junkyard ».
Environ 550 lots issus de la collection de Rudi Klein figurent au catalogue de cette vente, qui est réalisée en deux volets simultanés. Le premier réunit plus de 350 lots qui seront offerts en ligne. Ce sont des autos endommagées (certaines lourdement) et des pièces d’automobiles comprenant des moteurs, des panneaux de carrosserie, des boîtes de vitesses, des manuels et plus encore.
Les quelque 200 autres lots sont les « plus désirables », admet l’encanteur. Il s’agit de 68 autos, dont quelques-unes qui sont dans un état très satisfaisant, de même que 138 moteurs et autres composantes mécaniques importantes.
Rudi Klein, de boucher à ferrailleur
Ces lots proviennent d’une collection constituée à partir de 1967 par Rudi Klein, un personnage bien connu dans l’univers des grands collectionneurs bien nantis.
Immigrant allemand, Rudi Klein est arrivé aux États-Unis à la fin des années 50. Il avait 18 ans. Dès lors, il troque sa formation de boucher, acquise dans sa ville natale de Russelsheim, pour travailler dans une station-service. Puis, au fil du temps, il devient ferrailleur.
En 1967, il fonde une entreprise qui sera connue sous le nom de Porche Foreign Auto Wrecking. Établi dans le grand Los Angeles, il se met à récupérer des voitures européennes pour en extirper les pièces qu’il offre ensuite aux automobilistes.
Une spécialité inusitée
Flairant la bonne affaire, Klein développe rapidement une spécialité peu commune. Dès qu’il entend parler d’un accident impliquant un modèle d’auto hors du commun, il la récupère (où du moins, ce qu’il en reste) pour ensuite la disséquer et revendre ses pièces à prix d’or.
Voilà comment, au fil des décennies, son entreprise lui permettra de constituer discrètement une collection aussi importante de voitures au pedigree impressionnant. Une collection qui nourrira moult mythes et spéculations jusqu’à sa mort, survenue en 2001.
Récemment, ses deux fils qui avaient repris le flambeau ont été convaincus par RM Sotheby’s de se départir de ces quelque 550 lots lors d’une vente qui aura lieu le 26 octobre prochain, avec une journée d’exposition la veille. Une vente qui se tiendra d’ailleurs dans un lieu encore inconnu. Un lieu qui sera révélé uniquement aux acheteurs accrédités peu de temps auparavant par téléphone ou par courriel !
Résultats dans les 7 chiffres
Chez RM Sotheby’s, on s’attend à une vente très profitable avec un résultat final dans les sept chiffres. Une issue qui s’avère plausible lorsque l’on considère la valeur estimée (en dollars étatsuniens) de la dizaine de modèles-vedettes inscrits au catalogue :
- Mercedes-Benz 300 SL 1956, coupé tout aluminium, 4 500 000 $ à 6 000 000 $;
- Mercedes-Benz 500 K Spécial 1935, coupé carrossé par Sindelfingen ayant appartenu à célèbre pilote Rudolf Caracciola – 4 000 000 $ à 6 000 000 $;
- Horch 855 Spécial 1939, roadster carrossé par Gläser, 3 000 000 $ à 4 000 000 $;
- Mercedes-Benz 300 SL 1957, cabriolet, 800 000 $ à 1 000 000 $;
- Iso Grifo A3/L Spider 1964, prototype de Bertone, 700 000 $ à 1 000 000 $;
- Lamborghini Miura P400 S 1969, 500 000 $ à 700 000 $;
- Lamborghini Miura P400 1968, 500 000 $ à 700 000 $;
- Porsche 356 A Carrera 1500 GS/GT 1959, coupé carrossé par Reutter, 450 000 $ à 600 000 $;
- Porsche 356 B 1600 1962, cabriolet « Twin-Grille » carrossé par D’Ieteren, 350 000 $ à 550 000 $;
- Lamborghini Miura P400 1967, 350 000 $ à 450 000 $.
Deux anecdotes intéressantes
Il est amusant de noter qu’au moment de se lancer en affaires pour devenir ferrailleur, Rudi Klein avait nommé son entreprise, située sur le boulevard Artesia à Gardena, Porsche Foreign Auto Wrecking. Peu après, il déménage sur la rue South Alameda, dans un secteur industriel de Los Angeles situé au nord-est de son emplacement initial. Il renomme alors son entreprise Porche Foreign Auto Wrecking (sans le S), le constructeur de Stuttgart, dont il n’était pas un concessionnaire, lui ayant interdit d’utiliser sa marque de commerce !
Par ailleurs, le terme Junkyard (cour de ferraille en anglais) choisi par RM Sotheby’s pour désigner cette vente a également servi au livre Junkyard: Behind the Gates at California’s Secretive European-Car Salvage Yard de Roland Löwisch et son photographe Dieter Rebmann. Publié par Motorbooks en 2020, cet ouvrage, qui exposait l’ampleur de cette impressionnante collection, était l’adaptation anglaise du livre Junk Yard: Traumautos auf dem Edelschrottplatz publié par Heel Verlag en Allemagne, en 2017.
Photos : RM Sotheby’s
Le texte Vente « The Junkyard »: RM Sotheby’s ouvre la caverne d’Ali Baba provient de L’annuel de l’automobile – Actualité automobile
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