8 avril 1971: Fritz von Opel s’éteint à 72 ans
Le 8 avril 1971 marque la disparition de Fritz von Opel, à l’âge de 72 ans, en Suisse. Petit-fils d’Adam Opel, fondateur de la célèbre marque automobile allemande, il aurait pu se contenter d’une carrière confortable dans l’entreprise familiale. Mais son esprit visionnaire l’a poussé à expérimenter bien au-delà des limites de la route… vers les étoiles. Né à Rüsselsheim, formé à l’Université technique de Darmstadt, Fritz rejoint la société Opel en tant que directeur des essais et responsable des relations publiques. Très tôt, il voit dans la technologie une arme puissante pour faire rayonner le nom Opel — et c’est par les fusées qu’il compte le faire.
1928 : la voiture-fusée devient réalité
En collaboration avec Max Valier, figure pionnière du spatial, et Friedrich Sander, pyrotechnicien, Fritz conçoit un véhicule expérimental baptisé RAK.1. Le 15 mars 1928, cette voiture propulsée par des fusées atteint 75 km/h, démontrant le potentiel de la propulsion à réaction.
Mais il ne s’arrête pas là. Le 23 mai de la même année, il frappe fort avec le RAK.2, équipé de 24 fusées à carburant solide. Sur l’Avus, à Berlin, il atteint 230 km/h, une vitesse jamais vue pour un véhicule terrestre à propulsion non conventionnelle. Le public est stupéfait, la presse est en émoi : Opel devient synonyme d’innovation débridée.
Le rêve de voler… à la fusée
Toujours en 1928, Fritz von Opel achète un planeur expérimental, le Lippisch Ente, auquel il ajoute des moteurs-fusées. L’engin devient le premier avion-fusée au monde, bien que détruit dès son deuxième vol. Frustré, il commande un nouveau modèle, le RAK.1 (version aérienne) au concepteur Julius Hatry. Le 30 septembre 1929, il prend enfin les commandes lui-même, décollant de Francfort et marquant l’histoire comme le premier pilote d’un avion-fusée habité.
Toujours plus vite : train et moto-fusée
En parallèle, Fritz développe le RAK.3, un train propulsé par 30 fusées solides, atteignant 254 km/h — un exploit pour l’époque. Il ose même créer une moto-fusée, surnommée le Monster, encore plus radicale. Son imagination semble sans limites.
Exil, famille et discrétion
Après une période d’observation politique, Fritz von Opel est intercepté en 1940 par les autorités britanniques alors qu’il se trouve à bord du Conte di Savoia. Il est détenu brièvement à Gibraltar avant d’être autorisé à rejoindre les États-Unis.
En 1947, il épouse Emita Herrán Olózaga, avec qui il aura un fils, Rikky von Opel, futur pilote de Formule 1. Il mène une vie plus discrète par la suite, s’éteignant à Samedan, en Suisse, en 1971.
Un pionnier oublié, mais visionnaire
Fritz von Opel a été bien plus qu’un héritier fortuné : il a redéfini les limites de la vitesse et a inspiré toute une génération d’ingénieurs, à l’aube de l’ère spatiale. Son travail sur la propulsion à fusée précède de plusieurs décennies les programmes spatiaux nationaux. Peu connu du grand public aujourd’hui, il mérite pourtant sa place au panthéon des pionniers de l’aviation et de l’automobile.
Le texte 8 avril 1971: Fritz von Opel s’éteint à 72 ans provient de L’annuel de l’automobile – Actualité automobile
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